Alors que la 38e édition du Congrès d’optométrie et de contactologie, qui s’est tenue à Montrouge (92) les 20 et 21 janvier derniers, tirait la sonnette d’alarme (près de 60% des ophtalmologistes seraient inaccessibles à un nouveau patient qui aurait besoin d’une prescription de lunettes, soit 37 % de plus qu’en 2015), le SNOF (Syndicat national des ophtalmologistes de France) se veut rassurant. « Deux ans après le lancement de notre campagne « Zéro délai en 2022 », les solutions mises en place par les ophtalmologistes sont en train de prouver leur efficacité avec une forte augmentation du nombre de patients pris en charge depuis 3 ans et une réduction des délais d’attente », estime le Dr Thierry Bour, président du SNOF. « Notre objectif en 2019 sera de renforcer cette dynamique avec des mesures complémentaires : plages spécifiques pour les cas nécessitant une consultation rapide, développement de la prise de rendez-vous en ligne, exercice sur plusieurs sites, développement de la télémédecine… ». Rappelons à ce titre que la DMLA constitue une urgence et que la prise en charge doit être immédiate et intervenir au plus tard dans les 7 jours.
Davantage d’ophtalmologistes dès 2024
Selon le SNOF, les ophtalmologistes de France sont parvenus à faire face à l’explosion des besoins en matière de soins visuels (multipliés par 3 en 40 ans), et ce malgré une stagnation des effectifs. Les solutions mises en place : le travail aidé, qui se déploie à un rythme plus rapide que prévu, l’implication des ophtalmologistes de plus de 65 ans et l’arrivée de 80 nouveaux ophtalmologistes étrangers par an, en moyenne. Le syndicat considère que « la baisse de 20 % des ophtalmologistes annoncée en 2030 par certains n’aura pas lieu, d’après les dernières projections de fin 2018. Au final, les derniers indicateurs publiés par la Drees (2018) révèlent que les délais d’attente ont chuté à 80 jours, contre 87 jours en 2017 (étude Ifop) et plus de 100 jours dans des études plus anciennes. »
Le SNOF estime que les perspectives sont positives. Pour autant, le syndicat considère qu’il est impératif de former 240 ophtalmologistes par an pour que la situation sur les délais d’attente soit définitivement et rapidement réglée. Et le docteur Thierry Bour de préciser: « Ce que nous demandons aujourd’hui aux pouvoirs publics est un coup de pouce en permettant la formation de 50 postes d’ophtalmologistes supplémentaires par an. »
Des solutions supplémentaires
Pour aller plus loin dans son plan d’action contre les délais d’attente, le SNOF demande aux ophtalmologistes de mettre en place des plages de rendez-vous pour les « demandes de soins non-programmées en ophtalmologie » afin de réduire les délais dans les cas le nécessitant, hors suivis réguliers et contrôles périodiques. Une mesure qui permettra de mieux répondre aux besoins des patients et de désengorger aussi les services d’urgences en ophtalmologie.
L’optimisation des plannings passe également par les plateformes de prises de rendez-vous médicaux en ligne. Le SNOF a noué des partenariats avec les sociétés Doctolib et Alaxione, deux acteurs majeurs déjà fortement implantés en ophtalmologie, afin de répondre à la forte demande des patients et fluidifier les plannings. « Notre spécialité est la plus présente sur des plateformes telles que Doctolib et Alaxione, explique le Dr Bour. Aujourd’hui, un ophtalmologiste sur trois propose des rendez-vous en ligne et nous visons 75 % en 2020. Ces partenariats, opérationnels dès février 2019, permettront aussi de prendre rendez-vous directement sur le site web du SNOF à partir de mars, via l’annuaire. C’est une avancée majeure pour faciliter la prise de rendez-vous : 20 millions de patients utilisent Doctolib chaque mois. »
Le SNOF souhaite également développer l’exercice en multi-sites, tendance déjà très présente dans la spécialité : 80 % des jeunes ophtalmologistes s’installent en cabinets de groupe et, depuis 2013, l’exercice multi-sites a bondi de 22 %, soit plus de 10 000 sites couverts pour 5 900 ophtalmologistes.