C’est une nouvelle étape de franchie et une première mondiale : fin mars, au Centre de biologie du développement de l’Institut Riken (Japon), un patient a été implanté avec des cellules souches très particulières.
Une greffe de cellules iPS
Pourquoi les cellules implantées dans la rétine de ce patient étaient si particulières ? Parce que l’homme de 60 ans était le premier à recevoir une greffe de cellules de rétines issues de cellules souches pluripotentes induites (cellules iPS). Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, revenons en arrière…
Les cellules implantées étaient issues de cellules de peau d’un donneur anonyme. Elles avaient été ramenées à leur état embryonnaire afin de ne plus être des cellules de peau mais des cellules qui, comme celles d’un embryon, peuvent donner de la peau, un nerf, du cœur… autrement dit, des cellules « pluripotentes », c’est-à-dire capables d’évoluer en plusieurs types de cellules. Mais ce n’est pas tout. Ces cellules avaient ensuite été à nouveau différenciées pour devenir des cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien : on parle donc de cellules de rétine issues de cellules souches pluripotentes induites (cellules dites iPS). Et c’est là toute la nouveauté : autant des cellules souches embryonnaires avaient déjà été greffées sur l’homme, autant aucune greffe de cellules iPS issues d’un donneur n’avait jusque là été menée.. Tous les précédents essais avaient été réalisés avec des cellules souches embryonnaires humaines, qui ne s’étaient pas encore différenciées. D’ailleurs, nous avions déjà pré-annoncé cet essai dans une précédente actualité.
A quoi cela sert ?
En pratique, qu’attend-on de cet essai ? Dans le cas présent, l’opération ne cherche pas à guérir l’homme de 60 ans qui a bénéficié de la greffe : sa rétine est trop endommagée pour que l’on puisse espérer lui redonner la vue. Son objectif est ici préliminaire : prouver que cette technique ne présente pas un danger immédiat pour la santé. Car plusieurs risques existent : rejet de ces cellules car elles sont issues d’un donneur (et non prélevées chez le patient comme dans le précédent essai mené par la même équipe), développement anarchique des cellules qui évolueraient vers une tumeur…
Si l’objectif n’est pas (encore) la guérison, il ne faut pas minimiser l’importance de cet essai : « La prochaine étape de ces essais cliniques sera probablement de transplanter des cellules d’épithélium pigmentaire rétinien chez des personnes qui n’ont pas encore perdu leurs photorécepteurs, pour voir si cela permet de sauvegarder ces neurones photosensibles, et ainsi se traduire par une amélioration significative de la vision », expliquait Olivier Goureau, directeur de recherche à l’Institut de la Vision – organisme dédié au développement de la rétine et des stratégies de thérapie cellulaire –, dans un article du Figaro Santé. A la vitesse où les travaux avancent, il y a de quoi espérer…